Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/182

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La vente de vos éditions, publiées à Londres, ne saurait acquérir un caractère sérieux, que lorsqu’elle se fera à Pétersbourg et dans l’intérieur de la Russie. Pour cela, en premier lieu, il faut avoir un agent en Russie, fût-ce un libraire ou toute autre personne qui consentît à se charger de vendre cette marchandise prohibée et qui pût organiser de nouveaux débouchés dans l’intérieur du pays. Il est de toute impossibilité de trouver une telle personne par correspondance, et Straube a résolu de se rendre lui-même à Pétersbourg dans le but d’y trouver son homme et d’arrêter avec lui toutes les conditions de cette entreprise. Il se dirigera sur Stettin muni par moi d’une lettre de recommandation pour un commissionnaire que j’y connais, un excellent homme et qui fait de grandes affaires à Pétersbourg. Après avoir noué des relations à Stettin, Straube ira directement à Pétersbourg. Il ne connaît là qu’un seul libraire allemand, un très honnête homme, à ce qu’il dit, mais qui a repoussé l’offre qu’il lui avait faite par correspondance. Je lui conseille donc de ne plus s’adresser à lui. Mes amis lui donneront des lettres de recommandation pour un Suédois qui y est établi et dont je vous ai déjà entretenu. De plus, mon ami de Stettin, qui connaît bien Pétersbourg, le recommandera à plusieurs négociants très importants. Enfin, il faudra que vous lui donniez une lettre de recommandation pour un membre de notre cercle, pouvant le mettre en relations avec un commerçant russe, disposé à nous aider. Je sais d’avance l’objection que vous me ferez et je comprends que c’est là un point très délicat de cette affaire. Par le temps qui court, il n’est pas prudent, il est même dangereux de l’adresser à l’un de nos amis