Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/285

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voué. Dans cette pensée, il vint s’établir à Genève, où il trouva les premiers réfugiés russes, amis et prosélytes de Tchernychevski, chassés de leur pays par les fureurs d’Alexandre le Pendeur.

Herzen prétendit exercer une prédominance sur ces nouveaux réfugiés ; mais bientôt ceux-ci s’aperçurent de ses tendances absurdes et la rupture entre eux et Herzen ne tarda pas à s’en suivre. Cette rupture devint manifeste, lorsque feu A. A. Serno-Solovievitch (frère de Nicolas, tué en route pendant son transfert aux mines de la Sibérie), l’ami de Tchernychevski et de Mikhaïloff et l’organisateur de la Société internationale à Genève, publia une violente brochure contre l’ex-correspondant populaire d’Alexandre II.

Voici ce qu’écrivit à ce propos à Bakounine, ce dilettante de la révolution, vexé dans ses prétentions :


« 30 mai 1867, Genève. 7,
Quai Mont-Blanc.


« Mon cher Bakounine,


Je t’envoie la brochure de Serno-Solovievitch. C’est un insolent et un fou ; mais ce qu’il y a de plus déplorable, c’est que la majorité de la jeunesse russe est pareille[1] et que c’est nous-mêmes qui avons contribué à la faire telle. J’ai beaucoup réfléchi à cela, dans ce dernier temps, et même j’ai écrit à ce sujet, mais non pour le publier maintenant.

Ceci n’est pas du nihilisme. Le nihilisme est un phénomène grandiose dans l’évolution de la pensée

  1. Nous mettons en italique les mots soulignés dans l’original (Drag.).