Page:Ballanche - Vision d’Hébal.djvu/28

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déchirures. Des végétaux pleins d’une sève créatrice les couvrent pour élaborer une atmosphère brute. Cette atmosphère élaborée par des plantes qui sont le vêtement de la terre, qui ne servent encore ni d’abri ni de nourriture, devient successivement propre à la vie animale dans ses divers degrés d’organisation. L’air, les eaux et la terre se peuplent d’espèces variées. Les plaines, les collines, les vallées, les lacs et les fontaines reflètent la lumière, et les nuages versent de fertiles ondées. Les animaux qui remplissent ces étonnantes solitudes, volent, nagent, rampent, marchent, et ne sauraient rencontrer de maîtres. Ils dévorent et sont dévorés. Ils vivent, ils respirent, sans admirer, sans aimer. Une création sans but ! Un spectacle sans spectateurs ! Un monde sans prière et sans adoration ! Nulle voix qui exprime un sentiment ou une pensée ! Des bruits confus ! Des sons qui ne disent rien !

Le cœur d’Hébal est saisi d’épouvante.