Page:Baltard, Callet - Les Halles centrales de Paris.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
7
LES HALLES CENTRALES

verra s’ouvrir toute une nouvelle ère : les portées et les vides s’accroissent, on franchit sans soutiens intermédiaires des espaces considérables. Le pont de Britannia, en Angleterre, est jeté sur un bras de mer avec des travées de 130 mètres : en France, on couvre d’un parapluie de fer, aux Halles centrales, 20,000 mètres de superficie.

Qu’est-ce qu’une Halle, me direz-vous ? — J’ouvre le Dictionnaire de Bouillet, et je trouve au mot halle la description suivante : « Halle (en allemand halle, vaste emplacement, salle), c’est à proprement parler un lieu destiné à l’emmagasinement et à la vente d’objets d’une utilité première, qui s’y rendent par fortes parties, et presque toujours pour l’approvisionnement des magasins et des boutiques, où ces objets sont revendus en détail. Ainsi l’on dit la halle aux cuirs, la halle aux toiles, etc. Mais vulgairement on prend Halle comme synonyme de marché, et c’est alors, dans les villes un peu considérables, une place publique destinée à réunir toutes les marchandises et denrées, particulièrement celles qui servent à la vie, comme les légumes, les grains, etc. La plupart des halles sont closes et couvertes. »

L’origine des halles, en France, date du règne de Philippe-Auguste. Autrefois les cimetières et les marchés se touchaient ; souvent même le marché s’emparait, à jours fixes, du cimetière, et les pieds des vendeurs foulaient sans scrupule le sol bénit et les fosses de ceux qui n’étaient plus. Paris, pendant longtemps, suivit sous ce rapport la loi commune.

L’espace de terrain, actuellement occupé par les Halles centrales, ne fut d’abord qu’un vaste marécage, que la culture changea en prés, sous le nom de Champeaux, à l’époque où Lutèce tenait encore entière dans l’île de la Cité. Quand la population toujours croissante se vit forcée de passer la Seine pour chercher sur la rive droite sa place d’air et de soleil, les prés ne tardèrent pas à se partager en marché et en cimetière, ces deux nécessités premières de toute agglomération humaine, et les Champeaux devinrent, sous les auspices de sainte Opportune et plus tard des saints Innocents, un lieu spécialement