Page:Baltard, Callet - Les Halles centrales de Paris.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
LES HALLES CENTRALES

ayant lieu par une longue série de tuyaux suspendus d’une manière apparente et facilement accessible aux voûtes des caves.

Ce mode de canalisation nous amène tout naturellement à parler de la partie souterraine de l’édifice, et ce n’est certes ni la moins bien entendue, ni la moins originale.

La masse des étrangers que chaque saison nouvelle amène à Paris, un grand nombre de Parisiens même ne se doutent pas que sous ces rues brillantes qui coupent en tous sens la ville immense s’étendent comme autant de rues sombres, merveilleuse complication de voies souterraines, qui, sous le nom d’égouts, de canaux pour le gaz, pour les eaux, pour les fils électriques, sont les véritables artères de la grande cité. Moins connues que leurs sœurs privilégiées qui s’étalent au grand jour entre deux lignes de monuments sans nombre, elles poursuivent dans l’ombre et sans bruit leur œuvre de philanthropie et d’hygiène : là vit une population à part qui a ses mœurs, son langage et son costume ; et celui à qui il serait donné de soulever tout d’un coup l’écorce qui recouvre cette ville souterraine et d’en souder à loisir les profondeurs méconnues n’éprouverait pas moins de saisissement que le voyageur qui découvre tout à coup une cité romaine sous les cendres du Vésuve. Comme le reste du sol parisien, les Halles centrales se composent de deux parties distinctes : l’une qui vit, qui se meut, qui s’élance et miroite à la lumière ; l’autre qui vit aussi, qui agit, mais dans une sphère inférieure. Conséquence de la première, celle-ci a, comme sa sœur, sa raison d’être et son importance : manquante, elle ferait obstacle au fonctionnement de l’ensemble ; par sa présence, elle l’équilibre et le complète.

Du reste, ne vous effrayez pas d’avance : la ville est souterraine, c’est vrai, mais l’accès est des plus faciles. Chaque pavillon a son sous-sol correspondant, creusé sous la même étendue : on y descend par de larges escaliers, à douces montées ; la lumière est distribuée sagement par des soupiraux munis soit de grilles, soit de vitres-dalles et par un nombre suffisant de becs de gaz. Des colonnes en fonte, écartées de 6 mètres de distance, soutiennent les voûtes, qui,