Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/144

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ACTE PREMIER

LA SCÈNE SE PASSE À BARCELONE.

Le théâtre représente une place publique. À gauche du spectateur, des maisons parmi lesquelles est celle de Lothundiaz qui fait encoignure de rue. À droite, se trouve le palais où loge madame Brancadori, dont le balcon fait face au spectateur et tourne. On entre par l’angle du palais à droite et par l’angle de la maison de Lothundiaz.

Au lever du rideau il fait encore nuit ; mais le jour va poindre.


Scène PREMIÈRE.

MONIPODIO, enveloppé dans un manteau, assis sous le balcon du palais Brancadori.
QUINOLA se glisse avec des précautions de voleur, et frôle Monipodio.
MONIPODIO.

Qui marche ainsi dans mes souliers?

QUINOLA, déguenillé comme à son entrée au prologue.

Un gentilhomme qui n’en a plus.

MONIPODIO.

On dirait la voix de Lavradi.

QUINOLA.

Monipodio !… je te croyais… pendu.

MONIPODIO.

Je te croyais roué de coups en Afrique.

QUINOLA.

Hélas ! on en reçoit partout.

MONIPODIO.

Tu as l’audace de te promener ici ?

QUINOLA.

Tu y restes bien. Moi. j’ai dans ma résille mes lettres de grâce. En attendant un marquisat et une famille, je me nomme Quinola.

MONIPODIO.

À qui donc as-tu volé ta grâce ?