Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/174

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patricienne de Venise ménagerait les susceptibilités d’un vieux soldat.

FAUSTINE.

Eh ! Monseigneur, vous tirez plus de parti de vos cheveux blancs qu’un jeune homme ne le ferait de la plus belle chevelure, et vous y trouvez plus de raisons que de… (Elle rit.) Quittez donc cet air fâché.

FRÉGOSE.

Puis-je être autrement en vous voyant vous compromettre, vous que je veux pour femme ? N’est-ce donc rien qu’un des plus beaux noms de l’Italie à porter ?

FAUSTINE.

Le trouvez-vous donc trop beau pour une Brancador?

FRÉGOSE.

Vous aimez mieux descendre jusqu’à un Fontanarès.

FAUSTINE.

Mais s’il peut s’élever jusqu’à moi ? quelle preuve d’amour ! D’ailleurs, vous le savez par vous-même, l’amour ne raisonne point.

FRÉGOSE.

Ah ! vous me l’avouez.

FAUSTINE.

Vous êtes trop mon ami pour ne pas savoir le premier mon secret.

FRÉGOSE.

Madame !… oui, l’amour est insensé ! je vous ai livré plus que moi-même !… Hélas ! je voudrais avoir le monde pour vous l’offrir. Vous ne savez donc pas que votre galerie de tableaux m’a coûté presque toute ma fortune ?…

FAUSTINE.

Paquita !

FRÉGOSE.

Et que je vous donnerais jusqu’à mon honneur.


Scène IX.

Les mêmes, PAQUITA.
FAUSTINE, à Paquita.

Dis à mon majordome de faire porter les tableaux de ma galerie chez don Frégose.