Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/178

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FAUSTINE.

En épousant Sarpi, vous assureriez le triomphe de votre cher Fontanarès ; mais une femme ne saurait conseiller un pareil sacrifice ; il doit venir, il viendra de vous. Agissez d’abord avec ruse. Pendant quelque temps, quittez Barcelone. Retirez-vous dans un couvent.

MARIE.

Ne plus le voir ? Si vous saviez, il passe tous les jours à une certaine heure sous mes fenêtres, cette heure est toute ma journée.

FAUSTINE, à part.

Quel coup de poignard elle me donne ! Oh ! elle sera comtesse Sarpi !


Scène XV.

Les mêmes, FONTANARÈS.
FONTANARÈS, à Faustine.

Madame. (Illui baise la main.)

MARIE, à part.

Quelle douleur !

FONTANARÈS.

Vivrai-je jamais assez pour vous témoigner ma reconnaissance ! Si je suis quelque chose, si je me fais un nom, si j’ai le bonheur, ce sera par vous.

FAUSTINE.

Ce n’est rien encore ! Je veux vous aplanir le chemin. J’éprouve tant de compassion pour les malheurs que rencontrent les hommes de talent, que vous pouvez entièrement compter sur moi. Oui, j’irais, je crois, jusqu’à vous servir de marche-pied pour vous faire atteindre à votre couronne.

MARIE, tire Fontanarès par son manteau.

Mais je suis là, moi ! (Il se retourne.) et vous ne m’avez pas vue.

FONTANARÈS.

Marie ! Je ne lui ai pas parlé depuis dix jours. (À Faustine.) Oh ! Madame, mais vous êtes donc un ange ?

MARIE, à Fontanarès.

Dites donc un démon. (Haut.) Madame me conseillait d’entrer dans un couvent.