Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/232

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FONTANARÈS, à Frégose.

Monseigneur, quel vertige a saisi le peuple et les bourgeois de Barcelone ? J’accours au milieu des acclamations qui saluent don Ramon, moi, tout couvert des glorieuses marques de mon travail, et je vous vois immobile, sanctionnant le vol le plus honteux qui se puisse consommer à la face du ciel et d’un pays… (Murmures.) Seul, j’ai risqué ma tête. Le premier, j’ai fait une promesse au roi d’Espagne, seul je l’accomplis et je trouve à ma place don Ramon, un ignorant ! (Murmures.)

DON FRÉGOSE.

Un vieux soldat ne se connaît guère aux choses de la science, et doit accepter les faits accomplis. La Catalogne entière reconnaît à don Ramon la priorité de l’invention, et tout le monde ici déclare que sans lui vous n’eussiez rien pu faire ; mon devoir est d’instruire Sa Majesté le roi d’Espagne de ces circonstances.

FONTANARÈS.

La priorité ! oh ! une preuve ?

LE GRAND INQUISITEUR.

La voici ! Dans son traité sur la fonte des canons, don Ramon parle d’une invention appelée tonnerre par Léonard de Vinci, votre maître, et dit qu’elle peut s’appliquer à la navigation.

DON RAMON.

Ah ! jeune homme, vous aviez donc lu mes traités ?…

FONTANARÈS, à part.

Oh ! toute ma gloire pour une vengeance !


Scène IV.

Les mêmes, QUINOLA.
QUINOLA.

Monsieur, la poire était trop belle, il s’y trouve un ver.

FONTANARÈS.

Quoi ?…

QUINOLA.

L’enfer nous a ramené, je ne sais comment, Monipodio altéré de vengeance, il est dans le navire avec une bande de démons, et va le couler si vous ne lui assurez dix mille sequins.

FONTANARÈS. Il plie le genou.

Ah ! merci. Océan que je voulais dompter, je ne trouve donc