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ACTE DEUXIÈME

Même décoration que dans l’acte précédent.


Scène PREMIÈRE.

JOSEPH, LE DUC.
Joseph achève de faire le salon.
JOSEPH, à part.

Couché si tard, levé si matin, et déjà chez Madame : il y a quelque chose. Ce diable de Jacques aurait-il raison ?

LE DUC.

Joseph, je ne suis visible que pour une seule personne ; si elle se présente, vous l’introduirez ici. C’est un M. de Saint-Charles. Sachez si Madame peut me recevoir. (Joseph sort.) Ce réveil d’une maternité que je croyais éteinte m’a surpris sans défense. Il faut que cette lutte encore secrète soit promptement étouffée. La résignation de Louise rendait notre vie supportable ; mais elle est odieuse avec de pareils débats. En pays étranger, je pouvais dominer ma femme, ici ma seule force est dans l’adresse et dans le concours du pouvoir. J’irai tout dire au roi, je soumettrai ma conduite à son jugement, et madame de Montsorel sera forcée de lui obéir. J’attendrai cependant encore. L’agent qu’on va m’envoyer pourra, s’il est habile, découvrir en peu de temps les raisons de cette révolte : je saurai si madame de Montsorel est seulement la dupe d’une ressemblance, ou si elle a revu son fils après me l’avoir soustrait et s’être jouée de moi depuis douze ans. Je me suis emporté cette nuit. Si je reste tranquille, elle sera sans défiance et livrera ses secrets.