Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/247

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portiers, nous, l’auteur de ses jours !… elle est trop sensée pour faire une sottise… N’est-ce pas, mon enfant, tu ne démentiras pas ton père ?

MADAME GIRAUD.

Tu n’as personne, n’est-ce pas, mon amour ? car une jeune ouvrière qui a quelqu’un chez elle, à dix heures du soir… enfin… il y a de quoi perdre…

PAMÉLA.

Mais il me semble que si j’avais quelqu’un vous l’auriez vu passer.

GIRAUD.

Elle a raison.

MADAME GIRAUD.

Elle ne répond pas ad rem… Ouvre-moi la porte de cette chambre…

PAMÉLA.

Ma mère, arrêtez… vous ne pouvez entrer là, vous n’y entrerez pas !… Écoutez-moi : comme je vous aime, ma mère, et vous, mon père, je n’ai rien à me reprocher !… et j’en fais serment devant Dieu !… cette confiance que vous avez eue si longtemps en votre fille, vous ne la lui retirerez pas en un instant !…

MADAME GIRAUD.

Mais pourquoi ne pas nous dire ?

PAMÉLA, à part.

Impossible !… s’ils voyaient ce jeune homme, bientôt tout le monde saurait…

GIRAUD, l’interrompant.

Nous sommes ses père et mère, et il faut voir !

PAMÉLA.

Pour la première fois, je vous désobéis !… mais vous m’y forcez !… ce logement, je le paye du fruit de mon travail !… Je suis majeure… maîtresse de mes actions.

MADAME GIRAUD.

Ah ! Paméla !… vous en qui nous avions mis toutes nos espérances !…

GIRAUD.

Mais tu te perds !… et je resterai portier durant mes vieux jours !

PAMÉLA.

Ne craignez rien !… oui, il y a quelqu’un ici ; mais silence !…