Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/264

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BINET.

Paméla Giraud.

DUPRÉ.

Quel rapport y a-t-il entre Paméla Giraud et Jules Rousseau ?

BINET.

Ah ! ça, moi qui croyais que les avocats étaient payés pour avoir de l’instruction et savaient tout… mais vous ne savez donc rien, Monsieur ? Je ne m’étonne pas qu’il y en a qui disent que les avocats sont des ignorants. Mais je retire mes quatorze cents francs. Paméla s’accuse, c’est-à-dire m’accuse d’avoir livré sa tête au bourreau, et vous comprenez, s’il est sauvé surtout, s’il est déporté, je me marie, j’épouse Paméla, et comme le déporté ne se trouve pas en France, je n’ai rien à craindre dans mon ménage. Obtenez quinze ans ; ce n’est rien, quinze ans pour voyager, et j’ai le temps de voir mes enfants grandis, et ma femme arrivée à un âge… Vous comprenez ?…

DUPRÉ.

Il est naïf, au moins, celui-là… Ceux qui calculent ainsi à haute voix et par passion ne sont pas les plus mauvais cœurs.

BINET.

Ah ! ça, qu’est-ce qu’il se dit ? Un avocat qui se parle à lui-même, c’est comme un pâtissier qui mange sa marchandise… Monsieur ?…

DUPRÉ.

Paméla l’aime donc, M. Jules ?

BINET.

Dame ! vous comprenez… tant qu’il sera dans cette position, c’est bien intéressant.

DUPRÉ.

Ils se voyaient donc beaucoup ?

BINET.

Trop ! Oh si j’avais su, moi, je l’aurais bien fait sauver.

DUPRÉ.

Elle est belle ?

BINET.

Qui ?… Paméla ?… c’te farce ! Ma Paméla ! comme l’Apollon du Belvédère.

DUPRÉ.

Gardez vos quatorze cents francs, mon ami, et si vous avez bon