Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/317

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LE GÉNÉRAL.

Je ne t’en parle que pour qu’il trouve à boire les vins qu’il affectionne !

FÉLIX, entrant

M. de Rimonville.

LE GÉNÉRAL.

Faites entrer.

GERTRUDE, elle fait signe à Félix de ranger la jardinière.

Je passe chez Pauline pendant que vous causerez affaires, je ne suis pas fâchée de surveiller un peu l’arrangement de sa toilette. Ces jeunes personnes ne savent pas toujours ce qui leur sied le mieux.

LE GÉNÉRAL.

Ce n’est pas faute de dépense car depuis dix-huit mois sa toilette coûte le double de ce qu’elle coûtait auparavant ; après tout, pauvre fille, c’est son seul plaisir.

GERTRUDE.

Comment, son seul plaisir ? et celui de vivre en famille comme nous vivons ! Si je n’avais pas le bonheur d’être ta femme, je voudrais être ta fille !… Je ne te quitterai jamais, moi ! (Elle fait quelques pas.) Depuis dix-huit mois, tu dis ? c’est singulier !… En effet, elle porte depuis ce temps-là des dentelles, des bijoux, de jolies choses.

LE GÉNÉRAL.

Elle est assez riche pour pouvoir satisfaire ses fantaisies.

GERTRUDE.

Et elle est majeure ! (À part.) La toilette, c’est la fumée ! y aurait-il du feu ? (Elle sort.)


Scène II.

LE GÉNÉRAL, seul.

Quelle perle ! après vingt-six campagnes, onze blessures et la mort de l’ange qu’elle a remplacé dans mon cœur ; non, vraiment le bon Dieu me devait ma Gertrude, ne fût-ce que pour me consoler de la chute et de la mort de l’empereur !