Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/35

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rances ? N’ai-je donc pas été assez malheureux hier ? Mademoiselle ne m’a rien accordé, pas même un regard.

INÈS.

Je ne pensais pas, Monsieur, avoir le plaisir de vous rencontrer sitôt, je sous croyais de service ; je suis toute heureuse de me justifier ; je ne vous ai aperçu qu’en sortant du bal, et mon excuse (elle montre la duchesse de Montsorel), la voici.

LE MARQUIS.

Vous avez deux excuses, Mademoiselle, et je vous sais un gré infini de ne parler que de ma mère.

LE DUC.

Mademoiselle, ne voyez dans ce reproche qu’une excessive modestie. Albert a des craintes comme si M. de Frescas devait lui en inspirer ! À son âge, la passion est une fée qui grandit des riens. Mais ni votre mère, ni vous, Mademoiselle, vous ne pouvez prendre au sérieux un jeune homme dont le nom est problématique et qui se tait si soigneusement sur sa famille.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL, à la duchesse de Christoval.

Ignorez-vous également le lieu de sa naissance ?

LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL.

Nous n’en sommes pas encore à lui demander de semblables renseignements.

LE DUC.

Nous sommes cependant trois ici qui ne serions pas fâchés de les avoir. Vous seules, Mesdames, seriez discrètes la discrétion est une vertu qui ne profite qu’à ceux qui la recommandent.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL.

Et moi, Monsieur, je ne crois pas à l’innocence de certaines curiosités.

LE MARQUIS.

Ma mère, la mienne est-elle donc hors de propos ? Et ne puis-je m’enquérir auprès de Madame si les Frescas d’Aragon ne sont pas éteints ?

LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL, au duc.

Nous avons connu tous deux le vieux commandeur à Madrid, le dernier de cette maison.

LE DUC.

Il est mort nécessairement sans enfant.

INÈS.

Mais il existe une branche à Naples.