Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/375

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LE GÉNÉRAL.

Vieille folle, si vous manquez de mémoire, il ne faut, du moins, accuser personne.

PAULINE, à Marguerite.

Tais-toi ! (Haut.) Marguerite, elle y était ! tu l’as oubliée…

MARGUERITE.

C’est vrai, Monsieur, je confonds avant-hier…

LE GÉNÉRAL, à part.

Elle est chez moi depuis vingt ans… son insistance me semble singulière… (Il prend Marguerite à part.) Voyons… et l’histoire des fleurs dans la coiffure ?…

MARGUERITE, à qui Pauline fait des signes.

Monsieur, c’est moi qui aurai dit cela… Je suis si vieille que la mémoire me manque.

LE GÉNÉRAL.

Mais alors, pourquoi supposer qu’une mauvaise pensée puisse venir à quelqu’un dans la maison ?…

PAULINE.

Laissez-la, mon père ! Elle a tant d’affection pour moi, cette bonne Marguerite, qu’elle en est quelquefois folle…

MARGUERITE, à part.

Je suis sûre d’avoir ôté la jardinière…

LE GÉNÉRAL, à part.

Pourquoi ma femme et ma fille me tromperaient-elles ?… Un vieux troupier comme moi ne se laisse pas malmener dans les feux de file, il y a décidément du louche…

GERTRUDE.

Marguerite, nous prendrons le thé ici, quand M. Godard sera descendu… Dites à Félix d’apporter ici tous les journaux.

MARGUERITE.

Bien, Madame.


Scène V.

GERTRUDE, LE GÉNÉRAL, PAULINE.
LE GÉNÉRAL, il embrasse sa fille.

Tu ne m’as seulement pas dit bonjour, fille dénaturée !