Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/412

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qui nous aime ? Eh bien ! dis-moi pourquoi tu refusais si nettement Godard hier, et pourquoi tu l’acceptes aujourd’hui ?

PAULINE.

Une idée de jeune fille !

LE GÉNÉRAL.

Tu n’aimes personne ?

PAULINE.

C’est bien parce que je n’aime personne que j’épouse votre M. Godard !

(Gertrude rentre avec Marguerite.)
LE GÉNÉRAL.

Ah !

GERTRUDE.

Tiens, ma chère petite, prends garde, c’est un peu chaud.

PAULINE.

Merci, ma mère !

LE GÉNÉRAL.

Sa mère !… En vérité, c’est à en perdre l’esprit !

PAULINE.

Marguerite, le sucrier ?

(Elle profite du moment où Marguerite sort et où Gertrude cause avec le général pour mettre le poison dans la tasse, et laisse tomber à terre le papier qui le contenait.)

GERTRUDE, au général.

Qu’avez-vous ?

LE GÉNÉRAL.

Ma chère amie, je ne conçois rien aux femmes je suis comme Godard.

(Rentre Marguerite.)
GERTRUDE.

Vous êtes comme tous les hommes.

PAULINE.

Ah !

GERTRUDE.

Qu’as-tu, mon enfant ?

PAULINE.

Rien !… rien !…

GERTRUDE.

Je vais te préparer une seconde tasse…

PAULINE.

Oh ! non, Madame… celle-ci suffit. Il faut attendre le docteur.

(Elle a posé la tasse sur un guéridon.)