Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/421

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VERNON.

Tout est fatal, Messieurs, dans cette affaire mystérieuse. Madame de Grandchamp a si bien voulu m’éloigner, que l’ouvrier chez qui l’on m’envoyait à trois lieues d’ici, était au cabaret. J’ai grondé Champagne d’avoir trompé madame de Grandchamp, et Champagne m’a dit qu’effectivement l’ouvrier n’était pas venu, mais qu’il ne savait rien de cette prétendue maladie.

FÉLIX.

Messieurs, le clergé se présente.

RAMEL.

Nous pouvons emporter les deux pièces à conviction dans le salon, et nous y transporter pour dresser le procès-verbal.

VERNON.

Par ici, Messieurs par ici !

(Ils sortent. La scène change.)

Scène VI.

Le salon.
RAMEL, LE JUGE, LE GREFFIER, VERNON.
RAMEL.

Ainsi, voilà qui demeure établi. Comme le prétendent Félix et Marguerite, hier madame de Grandchamp a d’abord administré à sa belle-fille une dose d’opium ; et vous, monsieur Vernon, vous étant aperçu de cette manœuvre criminelle, vous auriez pris et serré la tasse.

VERNON.

C’est vrai, Messieurs, mais…

RAMEL.

Comment, monsieur Vernon, vous qui avez été témoin de cette coupable entreprise, n’avez-vous pas arrêté madame de Grandchamp dans la voie funeste où elle s’engageait ?

VERNON.

Croyez, Monsieur, que tout ce que la prudence exige, que tout ce qu’une vieille expérience peut suggérer a été tenté de ma part.

LE JUGE.

Votre conduite, Monsieur, est singulière, et vous aurez à l’expliquer. Vous avez fait votre devoir hier en conservant cette preuve ; mais pourquoi vous êtes-vous arrêté dans cette voie ?…