Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/88

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LE MARQUIS.

Vous les avez troublés, ma mère, et nous avons sur cet homme (il montre Vautrin) la même pensée ; mais une femme a seule le droit de dire tout ce qui pourra faire découvrir cette horrible imposture.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL.

Horrible ! oui. Mais laissez-nous.

LE MARQUIS.

Mesdames, malgré tout ce qui s’élève contre moi, ne m’en veuillez pas si j’espère encore. (À Vautrin.) Entre la coupe et les lèvres il y a souvent…

VAUTRIN.

La mort !

(Le marquis et Raoul se saluent, et le marquis sort.)
LA DUCHESSE DE MONTSOREL, à madame de Christoval.

Chère duchesse, je vous en supplie, renvoyez Inès, nous ne saurions nous expliquer en sa présence.

LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL, à sa fille, en lui faisant signe de sortir.

Je vous rejoins dans un moment.

RAOUL, à Inès, en lui baisant la main.

C’est peut-être un éternel adieu !

(Inès sort.)

Scène XI.

LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL, LA DUCHESSE DE MONTSOREL, RAOUL, VAUTRIN.
VAUTRIN, à la duchesse de Christoval.

Ne soupçonnez-vous donc pas quel intérêt amène ici madame ?

LA DUCHESSE DE CHRISTOVAL.

Depuis hier je n’ose me l’avouer.

VAUTRIN.

Moi, j’ai deviné cet amour à l’instant.

RAOUL, à Vautrin.

J’étouffe dans cette atmosphère de mensonge.

VAUTRIN, à Raoul.

Un seul moment encore.

LA DUCHESSE DE MONTSOREL.

Madame, je sais tout ce que ma conduite a d’étrange en cet instant, et je n’essayerai pas de la justifier. Il est des devoirs sa-