Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

THUILLIER.

Vous faites de fameux jurisconsultes !

POIRET.

Je suis aussi curieux que monsieur Phellion de savoir sur quelles raisons s’appuie monsieur Bixiou…

BIXIOU (criant, à travers le bureau).

En êtes-vous, du Bruel ?

DU BRUEL (apparaissant).

Sac-à-papier, messieurs, j’ai quelque chose de difficile à faire, c’est la réclame pour la mort de monsieur La Billardière. De grâce ! un peu de silence : vous rirez et parierez après.

THUILLIER.

Rirez et pas rirez ! vous entreprenez sur mes calembours !

BIXIOU (allant dans le bureau de du Bruel).

C’est vrai, du Bruel, l’éloge du bonhomme est une chose bien difficile, j’aurais plus tôt fait sa charge !

DU BRUEL.

Aide-moi donc, Bixiou !

BIXIOU.

Je veux bien, quoique ces articles-là se fassent mieux en mangeant.

DU BRUEL.

Nous dînerons ensemble. (Lisant.)

« La religion et la monarchie perdent tous les jours quelques-uns de ceux qui combattirent pour elle dans les temps révolutionnaires

BIXIOU.

Mauvais. Je mettrais :

« La mort exerce particulièrement ses ravages parmi les plus vieux défenseurs de la monarchie et les plus fidèles serviteurs du roi dont le cœur saigne de tous ces coups. (Du Bruel écrit rapidement.) Monsieur le baron Flamet de La Billardière est mort ce matin d’une hydropisie de poitrine causée par une affection au cœur.

Vois-tu, il n’est pas indifférent de prouver que l’on a du cœur dans les Bureaux. Faut-il couler là une petite tartine sur les émotions des royalistes pendant la terreur ? Hein ! ça ne ferait pas mal. Mais non, les petits journaux diraient que les émotions ont plus