Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/307

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DUTOCQ.

Faites-là, vous êtes Sous-chef, et vous aurez une fameuse gratification. Voyez-vous, mon cher, il y a zizanie dans les régions supérieures. Le Ministère est engagé envers Rabourdin ; mais s’il ne nomme pas Baudoyer, il se brouille avec le Clergé. Vous ne savez pas ? le Roi, le Dauphin et la Dauphine, la Grande-Aumônerie, enfin la Cour veut Baudoyer, le ministre veut Rabourdin.

BIXIOU.

Bon !…

DUTOCQ.

Pour pouvoir se rapprocher, car le ministre a vu la nécessité de céder, il veut tuer la difficulté. Il faut une cause pour se défaire de Rabourdin. On a donc déniché un ancien travail fait par lui sur les Administrations pour les épurer, et il en circule quelque chose. Du moins, voilà comment j’essaie de m’expliquer la chose. Faites le dessin, vous entrez dans le jeu des sommités, vous servez à la fois le Ministère, la Cour, tout le monde et vous êtes nommé. Comprenez-vous ?

BIXIOU.

Je ne comprends pas comment vous pouvez savoir tout cela, ou bien vous l’inventez.

DUTOCQ.

Voulez-vous que je vous montre votre article ?

BIXIOU.

Oui.

DUTOCQ.

Eh ! bien, venez chez moi, car je veux remettre ce travail en des mains sûres.

BIXIOU.

Allez-y tout seul. (Il rentre dans le bureau des Rabourdin.) Il n’est question que de ce que vous a dit Dutocq, parole d’honneur. Monsieur Rabourdin aurait donné des notes peu flatteuses sur les employés à réformer. Le secret de son élévation est là. Nous vivons dans un temps où rien n’étonne. (Il se drape comme Talma.)

Vous avez vu tomber les plus illustres têtes,
Et vous vous étonnez, insensés que vous êtes !


de trouver une cause de ce genre à la faveur d’un homme ? Mon