Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 17.djvu/582

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jours z’haïe !… D’ailleurs, il peut croire que je veux être mise sur son testament…

Chit ! fus alez le duer ! s’écria Schmucke.

— Adieu, monsieur ! vint-elle dire à Pons en le foudroyant par un regard. Pour le mal que je vous veux, portez-vous bien. Quand vous serez aimable pour moi, quand vous croirez que ce que je fais est bien fait, je reviendrai ! Jusque-là je reste chez moi… Vous étiez mon enfant, depuis quand a-t-on vu les enfants se révolter contre leurs mères ?… Non, non, monsieur Schmucke, je ne veux rien entendre… Je vous apporterai votre dîner, je vous servirai ; mais prenez une garde, demandez-en une à monsieur Poulain.

Et elle sortit en fermant les portes avec tant de violence, que les objets frêles et précieux tremblèrent. Le malade entendit un cliquetis de porcelaine qui fut, dans sa torture, ce qu’était le coup de grâce dans le supplice de la roue.

Une heure après, la Cibot, au lieu d’entrer chez Pons, vint appeler Schmucke à travers la porte de la chambre à coucher, en lui disant que son dîner l’attendait dans la salle à manger. Le pauvre Allemand y vint le visage blême et couvert de larmes.

Mon baufre Bons extrafaque, dit-il, gar il bredend que fus édes ine scélérade. C’édre sa malatie, dit-il pour attendrir la Cibot sans accuser Pons.

— Oh ! j’en ai assez, de sa maladie ! Écoutez, ce n’est ni mon père, ni mon mari, ni mon frère, ni mon enfant. Il m’a prise en grippe, eh bien ! en voilà assez ! Vous, voyez-vous, je vous suivrais au bout du monde ; mais quand on donne sa vie, son cœur, toutes ses économies, qu’on néglige son mari, que v’là Cibot malade, et qu’on s’entend traiter de scélérate… c’est un peu trop fort de café comme ça…

Gavé ?

— Oui, café ! Laissons les paroles oiseuses. Venons au positif. Pour lors, vous me devez trois mois à cent quatre-vingt-dix francs, ça fait cinq cent soixante-dix ; plus le loyer que j’ai payé deux fois, que voilà les quittances, six cents francs avec le sou pour livre et vos impositions ; donc, douze cents moins quelque chose, et enfin les deux mille francs, sans intérêt bien entendu ; au total, trois mille cent quatre-vingt-douze francs… Et pensez qu’il va vous falloir au moins deux mille francs devant vous pour la garde, le médecin, les médicaments et la nourriture de la garde. Voilà pourquoi