Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 17.djvu/645

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— Qu’avez-vous donc, ma belle ?… dit madame Cantinet qui survint.

— J’ai, ma petite, que vous allez rester là, surveiller le dîner, je vais donner un coup de pied jusque chez monsieur…

— Il est en bas, il cause avec cette pauvre madame Cibot, qui pleure toutes les larmes de son corps, répondit la Cantinet.

La Sauvage dégringola par les escaliers avec une telle rapidité, que les marches tremblaient sous ses pieds.

— Monsieur… dit-elle à Fraisier en l’attirant à elle à quelques pas de madame Cibot.

Et elle désigna Topinard au moment où le garçon de théâtre passait fier d’avoir déjà payé sa dette à son bienfaiteur, en empêchant par une ruse inspirée par les coulisses, où tout le monde a plus ou moins d’esprit drolatique, l’ami de Pons de tomber dans un piège. Aussi le gagiste se promettait-il de protéger le musicien de son orchestre contre les pièges qu’on tendrait à sa bonne foi.

— Vous voyez ce petit misérable !… c’est une espèce d’honnête homme qui veut fourrer son nez dans les affaires de monsieur Schmucke…

— Qui est-ce ? demanda Fraisier.

— Oh ! un rien du tout…

— Il n’y a pas de rien du tout, en affaires…

— Hé ! dit-elle, c’est un garçon de théâtre, nommé Topinard…

— Bien, madame Sauvage ! continuez ainsi, vous aurez votre débit de tabac.

Et Fraisier reprit la conversation avec madame Cibot.

— Je dis donc, ma chère cliente, que vous n’avez pas joué franc jeu avec nous, et que nous ne sommes tenus à rien avec un associé qui nous trompe !

— Et en quoi vous ai-je trompé ?… dit la Cibot en mettant les poings sur ses hanches. Croyez-vous que vous me ferez trembler avec vos regards de verjus et vos airs de givre !… Vous cherchez de mauvaises raisons pour vous débarrasser de vos promesses, et vous vous dites honnête homme. Savez-vous ce que vous êtes ? Vous êtes une canaille. Oui, oui, grattez-vous le bras !… mais empochez ça !…

— Pas de mots, pas de colère, ma mie, dit Fraisier. Écoutez-moi ! Vous avez fait votre pelote… Ce matin, pendant les préparatifs du convoi, j’ai trouvé ce catalogue, en double, écrit tout entier