Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 17.djvu/659

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rue, sans asile, avec votre position de légataire universel ? Ça n’est pas logique, comme nous disons.

On m’a mis à la borde… Che zuis édrencher, che ne gonnais rien aux lois

— Pauvre bonhomme ! pensa Gaudissard en entrevoyant la fin probable d’une lutte inégale. — Écoutez, lui dit-il, savez-vous ce que vous avez à faire ?

Ch’ai eine homme d’avvaires !

— Eh bien ! transigez sur-le-champ avec les héritiers, vous aurez d’eux une somme et une rente viagère, et vous vivrez tranquille…

Che ne feux bas audre chosse ! répondit Schmucke.

— Eh bien ! laissez-moi vous arranger cela, dit Gaudissard à qui, la veille, Fraisier, avait dit son plan.

Gaudissard pensa pouvoir se faire un mérite auprès de la jeune vicomtesse Popinot et de sa mère de la conclusion de cette sale affaire, et il serait au moins Conseiller-d’État un jour, se disait-il.

Che fus tonne mes bouvoirs

— Eh bien ! voyons ! D’abord, tenez, dit le Napoléon des théâtres du boulevard, voici cent écus… Il prit dans sa bourse quinze louis et les tendit au musicien. — C’est à vous, c’est six mois d’appointements que vous aurez ; et puis, si vous quittez le théâtre, vous me les rendrez. Comptons ! que dépensez-vous par an ? Que vous faut-il pour être heureux ? Allez ! allez ! faites-vous une vie de Sardanapale !…

Che n’ai pessoin que t’eine habilement t’ifer et ine d’édé

— Trois cents francs ! dit Gaudissard.

Tes zouliers, quadre baires

— Soixante francs.

Tis pas

— Douze ! c’est trente-six francs.

Sisse gemisses.

— Six chemises en calicot, vingt-quatre francs, autant en toile, quarante-huit : nous disons soixante-douze. Nous sommes à quatre cent soixante-huit, mettons cinq cents avec les cravates et les mouchoirs, et cent francs de blanchissage… six cents livres ! Après, que vous faut-il pour vivre ?… trois francs par jour ?…

Non, c’esde drob !