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CONTES DROLATIQUES.

bien faire et servir dignement son promoteur ; mais il veit dans ce Concile mystigoricque force gens menant une vie dissolue, et n’en gaignant pas moins, et mesmes plus d’indulgences, escuz d’or, bénéfices que tous autres saiges

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et bien rengez. Ores, pendant une nuict aspre à sa vertu, le diable lui souffla dans l’oreille et entendement qu’il eust à faire sa provision à pannerées, puisque ung chascun puisoyt au giron de nostre saincte mère l’Ecclise sans le tarir ; miracle qui prouvoyt bien la présence de Dieu. Et le prebstre tourangeau ne faillit point au diable. Il se promit de bancqueter, de se ruer en rotisseries et aultres saulces d’Allemaigne, quand il le pourroyt sans payer, veu que il estoyt paouvre tout son saoul. Comme il restoyt fort continent, en ce qu’il se modeloyt sur son paouvre vieulx archevesque, qui, par force, ne péchoyt plus et passoyt pour ung sainct, il avoyt souvent à souffrir ardeurs intolérables suivies de tristifications, veu le numbre de belles courtizanes bien gorgiasées et gelives au paouvre monde, lesquelles habitoyent Constance pour éclaircir l’entendement des pères du Concile.

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Il enrageoyt de ne pas sçavoir comment on abordoyt ces pies guallantes, qui rabbrouoyent les cardinaulx, abbez commendataires, auditeurs de rote, légats, évesques, princes, ducs et margraves, comme elles auroyent pu faire de simples clercs desnuez d’argent. Le soir, après ses prières dictes, il essayoyt de parler à elles,