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ÉPILOGUE.

dictes-luy : « Hé ! mignonne ! » elle geint. Tantost elle ha froid, tantost elle va mourir ; adieu l’amour, adieu les rires, adieu la ioye, adieu les bons contes ! Menez bien le deuil de sa mort, plourez-la, cuydez-la morte, geignez. Alors elle lève la teste, esclatte de rire, déploye ses aësles blanches, revole on ne sçait où, tournoye en l’aër, capriole, monstre sa queue diabolicque, ses tettins de femme, ses reins forts, son visaige d’ange, secoue sa chevelure perfumée, se roule aux rais du soleil, reluit en toute beaulté, change de couleurs comme la gorge des columbes, rit à en plourer, gecte les larmes de ses yeulx en la mer, où les pescheurs les treuvent transmuées en iolies perles qui viennent aorner le front des roynes, enfin faict mille tourdions comme ung ieune cheval eschappé, laissant veoir sa croupe vierge et des chouses si gentilles, qu’à la seule veue d’icelles ung pape se damneroyt. Durant ce remue-mesnaige de la beste indomptée, il se rencontre des ignares et des bourgeoys qui disent au paouvre poëte : — Où est vostre monture ? Où est vostre Dixain ? Vous estes ung pronosticqueur payen. Oui, vous estes cogneu ! vous allez aux nopces et ne faictes rien entre vos repas. Où est l’ouvraige ?

Encores que de mon naturel ie sois amy de la doulceur, ie vouldroys veoir ung de ces gens bardé d’ung pal de Turquie et leur dire d’aller en ceste équipaige à la chasse aux connilz. Cy fine le deuxiesme Dixain. Veuille le diable le poulser de ses cornes, et il sera bien receu de la chrestienté rieuse.



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