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PROLOGUE.

ta playe, bouchera le vuyde de ta gibessière ; la femme est ton bien ; n’aye qu’une femme ; habille et deshabille, dorelotte ceste femme ; debitte la femme ; la femme est tout, la femme ha son galimart : puise en ce galimart sans fund ; la femme ayme l’amour, fais-luy l’amour avecques le galimart seulement ; chatouille ses phantaisies et pourtrais-luy ioyeulsement les mille pourtraictures de l’amour en ses millions de gentilles fassons ; la femme est généreuse, et toutes pour une, une pour toutes, soldera le peinctre et fournira le plumaige du pinceau. Enfin, équivocque sur ce qui est escript là ; Ave, salue ; Eva, la femme. Ou bien : Eva, la femme ; ave, salue, ou saulve. Eh ! oui, elle faict et deffaict. Doncques, à moy le galimart ! Que ayme le plus la femme ? que veult la femme ? toutes les chouses espécialles de l’amour, et ha raison la femme. Enfanter, produire, est imitation de nature, qui tousiours est en gézine ! Doncques à moi la femme ! à moy Eva ! Sur ce, l’Autheur se print à puiser en ce fécund galimart où estoyt une purée cérébrale, concoctionnée par les vertus d’en hault, en fasson talismanicque. D’ung godet sourdoyent chouses graves qui s’escripvoyent en encre brune ; et de l’aultre, chouses frétillantes qui rubricquoyent ioyeulsement les feuillets du cayer. Paouvre Autheur ha souvent, faulte de cure, meslangé les encres, ores cy, ores là. Mais, dès que les lourdes phrases ardues à rabotter, vernir et polir de quelque ouvraige au goust du iour, estoyent parachevées, l’Autheur, curieux de s’esbattre, maulgré le peu d’encre rieuse qui est au godet senestre, en robboyt ardemment aulcune plumée avecques mille délices. Ces dictes plumées sont, vère, ces dessus dicts Contes drolaticques dont l’authorité ne peut estre soupçonnée, pour ce que elle est escoulée de source divine, ainsy que il appert de ce naïf adveu de l’Autheur.