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CONTES DROLATIQUES.

une razière à qui se seroyt mis en debvoir de les ramasser. Du tout besoing estoyt d’en oster quasi les quatre quarts, attendu que la Petit estoyt une saige bourgeoyse, laquelle n’avoyt qu’ung amant pour le plaisir, et son mary pour le debvoir. Treuvez-en moult par la ville qui soyent aussy réservées de cueur et de bouche ! Si vous m’en afferrez une, ie vous baille ung sol ou ung fol, à vostre soubhait. Vous en rencontrerez qui n’ont ni espoux ni amant. Aulcunes femelles ont ung amant, et d’espoux, point. Des laideronasses ont ung espoux, et point d’amant. Mais, vère, rencontrer femmes qui, ayant ung espoux et ung amant, se tiennent à l’ambe sans poulser au terne, là est le miracle, entendez-vous, nigauds, becs-iaunes, ignares ! Doncques, boutez la Petit sur vos tablettes en style récognitif ; et allez vostre pas, ie reprends le mien. La bonne dame Petit ne estoyt point de la bande de celles qui tousiours remuent, devallent, ne sçauroyent se tenir en place, fouillottent, bouillottent, trottent, crottent, se desportent, et n’ont rien en elles qui les fixe ou attache, et sont si legieres, que elles courent à de folles ventositez comme après leur quintessence. Non, au rebours, la Petit estoyt une saige mesnaigiere, tousiours sise en la chaire ou couchiée en son lict, preste comme ung chandelier, attendant son dict amant quand sortoyt le prevost, recevant le prevost quand partoyt l’amant. Ceste chiere femme ne songyoyt nullement à s’attifer pour faire boucquer les aultres bourgeoyses. Foing ! elle avoyt treuvé plus com-