Page:Balzac - Contes drolatiques.djvu/94

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COMMENT ET PAR QUI FUT FAIT LEDICT ENFANT


La senneschalle ne resva point trop à la fasson d’esveigler hastivement l’amour du paige, et eut bientost treuvé l’embusche naturelle où sont tousiours prins les plus rudes. Vécy comme : A l’heure chaulde du iour, le bonhomme faisoyt sieste à la mode sarrazine, usaige auquel il ne failloyt iamais depuis son retourner de Terre-Saincte. Pendant ce, Blanche estoyt seule au prez, ou laboroyt à menus ouvraiges comme en brodent et en parfilent les femmes ; et, le plus souvent, restoyt en la salle à veoir aux buées, à renger les nappes, ou courroyt à sa phantaisie. Lors elle assigna ceste heure silencieuse à parachever l’éducation du paige en luy faisant lire ez livres, et soy dire ses prières. Adoncques, le lendemain, quand dormit, sur le coup de midy, le senneschal, qui succomboyt au soleil, lequel eschauffe de ses rays les plus lumineux le costeau de la Roche-Corbon, tant et plus, que là force est de sommeiller, à moins que d’estre ventillé, sacquebuté, freschement