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correspondance.

le 15 de ce mois ; car décidément il faut que je m’isole : mon travail s’en trouvera bien.

J’ai l’espoir de vendre un roman tous les mois six cents francs ; c’est assez pour me tirer d’affaire, en attendant la fortune que je partagerai de bon cœur avec vous tous, car elle me viendra, je n’en doute pas.

Je plains beaucoup ma chère maman de sa maladie : il n’y a personne au monde pour le lui dire ; elle serait la plus malheureuse des femmes si elle soupçonnait que, croyant tout faire pour le bonheur de ce qui l’entoure, elle ne fait rien.

Adieu ; je t’embrasse de tout mon cœur en te recommandant bien de combattre tes affections nerveuses. Mes amitiés à Surville.

Tu m’as dit que tu lisais Clarisse Harlowe ; tâche de lire ensuite Julie. Je t’engage aussi à lire Kenilworth, le dernier roman de Walter Scott ; c’est la plus belle chose du monde.

Mon roman est fini, je tiens les derniers chapitres. Je te l’enverrai, à condition de ne pas le prêter et de le vanter comme un chef-d’œuvre, bien entendu. Tu sens que, dans les circonstances actuelles, je ne peux pas plus aller à Bayeux qu’en Touraine, et, si je me sépare de la maison paternelle, c’est que je suis obligé de travailler à des romans qui exigent des recherches et de l’assiduité.