Page:Balzac - La Famille Beauvisage.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aller chez madame de l’Estorade, lui conter avec ménagement toute l’histoire.

— Mon ami, interrompit Sallenauve, c’est un parti très grave auquel il faut bien penser avant de le prendre ; j’y vois, moi, des inconvénients sans nombre.

— Mais quels ? dit l’organiste.

— Si elle ne réussit pas à calmer son fils, ce qui me paraît probable, j’aurai l’air d’avoir été m’abriter derrière son autorité maternelle ; qui vous dit d’ailleurs que, tout en ayant pour moi un sentiment assez vif, elle ne se croira pas obligée de le sacrifier à la paix de sa famille ?

— Alors, dit Bricheteau, le mariage manquerait ; vous n’y êtes pas, après tout, d’un si fougueux entraînement…

À ce moment, Bricheteau fut interrompu ; Philippe venait d’entrer, portant une lettre de part ; elle était cachetée de noir ; c’était un billet d’enterrement.

— Tiens ! s’écria Sallenauve, ce pauvre M. de Lanty qui est mort !

— À Paris ? demanda Bricheteau.

— Oui, dit Sallenauve en lisant la fin du billet : « Qui se feront à Saint-Philippe-du-Roule, sa paroisse. »

— Dit-on son âge ? Il avait l’air jeune encore.

— Soixante-trois ans, répondit Sallenauve.

Puis, par réflexion, il ajouta : Pauvre Marianina ! voilà un cruel coup pour elle.