Page:Balzac - La Famille Beauvisage.djvu/90

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— Au moins, monsieur, finit-il par demander, vous me donnerez bien quelques jours pour réfléchir ?

— Cela va sans dire, l’épée ne sera pas tirée demain. C’est moi-même qui vous engage à creuser et à méditer votre situation, bien assuré qu’un examen fait à froid ne peut que tourner dans le sens de mon plus cher désir : celui de la paix.

En disant cela, le ministre, à son tour, se leva comme pour indiquer qu’il trouvait l’audience arrivée à son terme.

— Mais, monsieur, dit Sallenauve en s’avisant de cette difficulté au moment de lever la séance, vous parlez de me garder un secret inviolable ; mais tout est également connu de ceux qui vous ont transmis ces papiers.

— C’est juste ; mais si nous marchons de concert, nous serons bien forts, et, par exemple, sans parler d’autres moyens, la menace d’être impliqué dans le fait du vol commis à votre préjudice serait, venant surtout du pouvoir, un bien puissant argument en faveur du silence.

— À l’honneur donc de vous revoir ! dit Sallenauve, parvenu à dominer la tempête intérieure à laquelle il était en proie.

— Et à bientôt, j’espère, dit Rastignac, en le reconduisant jusqu’à la porte de son cabinet.

— Monsieur Leblanc, dit-il ensuite à son huissier, vous êtes libre ; votre consigne est levée.