Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/101

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espèce de mélancolie trompeuse qui, pour les femmes, devait avoir un grand charme… Le front bien taillé ne manquait pas de noblesse et s’harmoniait à une chevelure fine, rare, châtain-clair, naturellement frisée aux extrémités, mais légèrement. Le nez, exactement celui d’un chien de chasse, épaté, fendu du bout, curieux, intelligent, chercheur et toujours au vent, au lieu d’avoir une expression de bonhomie, était ironique et moqueur ; mais ces deux faces du caractère ne se montraient point, et il fallait que ce jeune homme cessât de s’observer, entrât en fureur pour faire jaillir le sarcasme et l’esprit qui décuplait ses plaisanteries infernales. La bouche, d’une sinuosité tout agréable, à lèvres d’une rougeur de grenade, semblait le merveilleux instrument d’un organe presque suave dans le médium auquel Théodose se tenait toujours, et qui, dans le haut, vibrait aux oreilles comme le son d’un gong. Ce fausset était bien la voix de ses nerfs et de sa colère. Sa figure sans expression par suite d’un commandement intime, avait une forme ovale. Enfin ses manières, d’accord avec le calme sacerdotal de son visage, étaient pleines