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vous n’avez pas quarante-

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deux ans, car une femme n’a que l’âge qu’elle paraît avoir, et beaucoup de femmes de trente ans ne vous valant pas, seraient heureuses d’avoir votre taille et cette sublime figure où l’amour a passé sans jamais vous satisfaire. Vous vous êtes donnée à Dieu, je le sais, j’ai trop de piété pour vouloir être autre chose que votre ami ; mais vous vous êtes donnée à lui, parce que vous n’avez jamais trouvé personne digne de vous. Enfin, vous avez été aimée, mais vous ne vous êtes jamais sentie adorée, et j’ai deviné cela… Mais voici votre mari qui n’a pas su vous faire une position en harmonie avec votre valeur ; il me hait, comme s’il se doutait que je vous aime, et m’empêche de vous dire ce que je crois avoir trouvé pour vous mettre dans la sphère à laquelle vous étiez destinée. -- Non, madame, dit-il en se levant et à haute voix, ce n’est pas l’abbé Gondrin qui prêchera cette année le carême à notre pauvre Saint-Jacques du Haut-Pas ; c’est monsieur d’Estival, un de mes compatriotes, qui s’est voué à la prédication dans l’intérêt des classes pauvres, et vous entendrez un des plus onctueux prédicateurs que