Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/122

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crûment sur les gens sans les connaître à fond. Quand tu dis jésuites, je sais que tu penses aux prêtres, et fais-moi le plaisir de garder pour toi tes opinions sur la religion toutes les fois que tu seras en présence de ta fille. Nous sommes les maîtres de sacrifier nos âmes et non celles de nos enfants. Voudrais-tu pour ta fille d’une créature sans religion ?… Maintenant, mon chat, nous sommes à la merci de

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tout le monde, nous avons quatre enfants à pourvoir, peux-tu dire que dans un temps donné tu n’auras pas besoin de celui-ci, de celui-là ! Ne te fais donc pas d’ennemis, tu n’en as pas, tu es bon enfant ; et, grâce à cette qualité qui, chez toi, va jusqu’au charme, nous nous sommes assez bien tirés de la vie !…

— Assez ! assez ! dit Colleville qui jetait son habit sur une chaise et qui se débarrassait de sa cravatte, j’ai tort, tu as raison, ma belle Flavie !…

— A la première occasion, mon gros mouton, dit la rusée commère en tapotant les joues de son mari, tu tâcheras de faire une politesse à ce petit avocat ; c’est un finaud, il faut l’avoir pour nous. Il joue la comédie… eh ! joue la comédie avec lui ; sois sa dupe en