Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/141

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par une espèce d’huile distillée par la perruque, aux

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jours de sa jeunesse. Le gilet ne manquait pas de fraîcheur, mais c’était l’un de ces gilets achetés pour quatre francs et venu des profondeurs d’un étalage de marchand d’habits tout faits. Tout était soigneusement brossé, comme le chapeau de soie luisant et bossu, tout s’harmoniait et faisait accepter les gants noirs qui cachaient les mains de cet employé subalterne dont voici la vie antérieure en une seule phrase. C’était un artiste en Mal, à qui, dès le début, le mal avait réussi, et qui, trompé par de premiers succès, continuait à ourdir des infamies en restant dans les termes légaux. Devenu chef d’une imprimerie en trahissant son maître, il avait subi des condamnations comme gérant d’un journal libéral, et en province, sous la Restauration, il était alors devenu l’une des bêtes noires du gouvernement royal, l’infortuné Cérizet, comme l’infortuné Chauvet, comme l’héroïque Mercier ; et il avait dû à cette réputation de patriotisme une place de sous-préfet en 1830 ; six mois après, il fut destitué ; mais il prétendit être jugé sans avoir été entendu, et il cria tant que, sous le ministère Casimir