Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

placées sur la table ; mais elle portait avec une attention presque respectueuse une petite bouteille, semblable à une fée Carabosse qu’elle mit devant elle. Au milieu de l’hilarité causée par cette abondance de choses exquises, fruit de la reconnaissance, et que la pauvre fille, dans son délire, versait avec une profusion qui faisait le procès à son hospitalité de chaque quinzaine, il arrivait de nombreux plats de dessert, des quatre-mendiants en monceaux, des pyramides d’oranges, des tas de pommes, des fromages, des confitures, des fruits confits venus des profondeurs de ses armoires, qui, sans les circonstances, n’auraient pas figuré sur la nappe.

— Céleste, on va t’apporter une bouteille d’eau-de-vie que mon père a eue en 1802 ; fais-en une salade d’oranges ! cria-t-elle à sa belle-soeur. -- Monsieur Phellion, débouchez le vin de Champagne ; cette bouteille est pour vous trois. -- Monsieur Dutocq prenez celle-ci ! -- Monsieur Colleville, vous qui savez faire partir les bouchons !…

Les deux filles distribuaient des verres à vin de Champagne, des verres à vin de Bordeaux et des petits verres, car Joséphine