Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/45

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douceur de caractère, elle était pieuse dans le sens le plus étendu de ce mot, elle aurait expié par de dures pénitences le tort involontaire d’avoir fait de la peine à son prochain. Elle ignorait tout de la vie, accoutumée à être servie par sa mère, qui faisait elle-même le ménage, et obligée à se donner peu de mouvement à cause d’une constitution lymphatique qui se fatiguait des moindres travaux. C’était bien une fille du peuple de Paris où les enfants sont rarement beaux, étant le produit de la misère, d’un travail excessif de ménages sans airs, sans liberté d’actions, sans aucune des commodités de la vie. Lors du mariage, on vit en elle une petite femme d’un blond fade jusqu’à la nausée, grasse, lente et d’une contenance fort sotte. Son front, trop vaste, trop proéminent ressemblait à celui d’un hydrocéphale, et sous cette coupole d’un ton de cire, sa figure évidemment trop petite et finissant en pointe comme un museau de souris fit craindre à quelques conviés qu’elle ne devint folle tôt ou tard. Ses yeux d’un bleu clair, ses lèvres douées d’un sourire presque fixe, ne démentaient pas cette