Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/48

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l’y surprenait essuyant ses larmes, il excusait sa sœur en disant :

— Elle est excellente, mais elle est vive, elle vous aime à sa manière, elle agit ainsi avec moi.

Céleste, en se souvenant d’avoir reçu des soins maternels, pardonnait à sa belle-soeur. Brigitte traitait d’ailleurs son frère comme le roi du logis, elle le vantait à Céleste, elle en faisait un autocrate, un Ladislas, un pape infaillible. Madame Thuillier, privée de son père et de son grand-père, à peu près abandonnée de sa mère qui la venait voir les jeudis et chez qui l’on allait les dimanches dans la belle saison, n’avait que son mari à aimer, d’abord parce qu’il était son mari, puis il restait le beau Thuillier pour elle, enfin il la traitait bien quelquefois comme sa femme ; et toutes ces raisons

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réunies le lui rendaient adorable ; il lui paraissait d’autant plus parfait, qu’il prenait souvent la défense de Céleste et grondait sa sœur, non par intérêt pour sa femme, mais par égoïsme et pour avoir la paix au logis dans le peu de moments qu’il y restait. En effet, le beau Thuillier venait dîner et