Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de Céleste Lemprun, la fille d’un des employés qui avait compté autant d’années de services que la Banque en comptait alors d’existence. Mademoiselle Thuillier n’avait jamais d’ailleurs en vingt ans dépassé l’étendue de son crédit. Elle envoyait toujours pour soixante mille francs d’effets par mois à trois mois, ce qui faisait cent quatre-vingt mille francs environ. Les actions déposées représentaient cent vingt mille francs, on ne courait donc aucun risque, car les effets valaient toujours bien soixante mille francs ; aussi, dit le censeur, elle nous enverrait le troisième mois cent mille francs d’effets, nous ne lui en rejetterions pas un seul. Elle a une maison à elle qui n’est pas hypothéquée et qui vaut plus de cent mille francs. D’ailleurs, toutes ses valeurs viennent de Barbet et de Métivier, et se trouvent avoir quatre signatures y compris la sienne.

— Pour qui mademoiselle Thuillier travaille-t-elle ? demanda Minard à Métivier.

— Oh ! c’est sans doute pour établir sa Céleste, ils sont tous fous de cette petite.

— Mais cela doit vous aller, à vous, dit Minard.

— Oh ! moi, répondit Métivier, j’ai mieux à faire en épousant une de mes cousines, mon oncle Métivier qui m’a donné la suite de ses affaires a cent mille francs de rentes, et n’a que deux filles.