Page:Balzac - Une rue de Paris et son habitant, 1845.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


III
MADAME ADOLPHE


Quand le vieillard — le professeur comptait alors soixante-deux printemps — eut fait trois pas, il tourna la tête en entendant cette interrogation lancée par une voix connue, sur un ton aigu :

— Avez-vous un mouchoir ?

Une femme était sur le pas de la petite porte et regardait son maître avec une sorte de sollicitude.

Elle paraissait âgée d’une cinquantaine d’années, et sa mise annonçait une de ces domestiques pleines d’autorité dans la maison. Elle tricotait des bas.

Le savant revint et dit naïvement :

— Oui, madame Adolphe, j’ai mon mouchoir.

— Avez-vous vos conserves ?

Le savant tâta sa poche de côté.

— Je les ai.

— Montrez-les-moi, car souvent vous n’avez que l’étui, dit Mme Adolphe.

Le professeur tira son étui et montra ses lunettes d’un air triomphant.

— Vous feriez bien de les garder sur votre nez.