Quelle mort belle et sincère que celle de Balzac ! La gloire poursuit Hugo. Balzac, qui l’avait vu partir avec peine, l’envoie chercher et l’attend pour mourir. Hugo était sur la plage où sa fille mourut au fond des flots dans les bras de son jeune mari. Il part, il arrive. Ici, c’est Hugo qui parle :
Balzac. — Nous nous tenons parole ; je vis et vous me revenez !
Hugo. — Mais vous vivrez, l’esprit est le grand élixir.
Balzac. — J’ai bu toute la fiole. Madame de Balzac la renouvelle tous les jours.
Hugo. — Oui, oui, la femme est le chef-d’œuvre de Dieu.
Nous parlâmes longtemps des ouvrages inédits, travaux d’Hercule ou de Voltaire. Il se plaignait de leur sort. « Quoique ma femme ait plus d’esprit que moi, qui la soutiendra dans cette solitude, elle que j’ai accoutumée à tant d’amour ! » En effet, elle pleurait beaucoup. Il voulut se lever ; il fut posé sur un divan-sofa de brocard rouge et or. Son visage violet couché sur ces coussins était effrayant, ses yeux seuls vivaient. Il expira, et l’amour, la religion et la liberté l’assistèrent.
- ↑ Extrait d’une lettre de madame Hamelin à la comtesse Kisselef.