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ÉSOPE
Cydias
Elle est comme ces monts qu’un orage enveloppe
De nuit.
Orétès
C’est égal, sois heureux.
Cydias
Bonjour, Ésope.
(Les deux ministres sortent, en cachant à peine leurs rires ironiques. Ésope dédaigneux, ne les regarde même pas partir et se livre de nouveau à sa
pensée).
Scène troisième
ÉSOPE
Mon malheur, justes Dieux, est-il assez profond ?
De ce palais en fête
Je revois au lointain les nuages qui font
Des ombres sur ma tête.
J’ai connu tout, l’exil effrayant loin du jour,
Les hontes, l’esclavage.
À présent, tu meurtris mon sein, cruel Amour,
Avec ta dent sauvage.
Cette Rhodope, orgueil du printemps souriant
Qui ravit le ciel même
Comme une blanche étoile au front de l’Orient,
Ô délire ! je l’aime !
Sur sa tête un rayon brille, mystérieux.
Blanche comme l’ivoire,
Elle soumet, avec ses yeux victorieux,
Un Roi couvert de gloire.