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le sang de la coupe

Et tous les trois, calmés alors, parce qu’ils lisent
Sur les socles épars des noms mélodieux,
Parlent au statuaire indécis et lui disent :
Reconnais trois enfants sortis du sang des Dieux !

Mais tous ceux qu’ils avaient implorés leur répondent :
Enfants, évitez-moi des efforts superflus.
Nos villes cette année en orphelins abondent,
Redites-moi vos noms, car je ne les sais plus.

Déjà, pour assouvir leur appétit vorace,
On posait devant eux le vin et le doux miel,
Mais dès qu’ils ont montré les signes de leur race
En ajoutant ces mots : Nous arrivons du ciel,

Nous sommes la Beauté, l’Amour, la Poésie,
On s’écrie aussitôt : Portez ailleurs vos pas.
Enfants déguenillés, ô buveurs d’ambroisie,
Passez votre chemin, je ne vous connais pas !


Février 1856.