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Page:Banville - Œuvres, Le Sang de la coupe, 1890.djvu/227

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ballades joyeuses

XI

Ballade
en faveur de la Poésie dédaignée

Toi qui tins la lyre et le glaive,
Et qui marchais, rouge d’éclairs,
Dans l’action et dans le rêve,
Ô rude forgeron des vers
Qui faisaient tressaillir les mers,
Âme de héros courroucée
Qui t’exhalais en hymnes fiers,
Où dors-tu, grande ombre d’Alcée ?

Viens parmi nous ! combats sans trêve.
Il en faut de ces cris amers
Que tu répandais sur la grève.
La Muse, ivre des maux soufferts,
S’en va cacher dans les déserts
Sa lyre pour jamais blessée.
Toi que ravivent ses concerts,
Où dors-tu, grande ombre d’Alcée ?