Page:Banville - Œuvres, Les Cariatides, 1889.djvu/129

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                           Damète.

Et moi, je pense encore à l’esclave romaine
Qui m’a bercé trois jours dans sa couche inhumaine.

                           Daphnis.

Phyllis se sent émue à mes tendres accords
Et des frissons divins enveloppent son corps.

                           Damète.

Mais Délia, qui montre un ciel dans ses prunelles,
Est comme les Vénus aux blancheurs éternelles.

                           Daphnis.

Gazons touffus ! ruisseaux murmurants ! Bois épais !
Il vivra doucement dans la tranquille paix,
Celui qui, loin du faste et des riches portiques,
Ne parle de bonheur qu’à ses Dieux domestiques.

                           Damète.

Heureux l’audacieux qui dans un songe vain,
Comme Ixion, caresse un fantôme divin !

                           Palæmon.

Fermez l’arène, enfants. Sur l’azur de ses voiles
Jetant de chastes lys et des milliers d’étoiles,
Voici la douce Nuit qui vient, et sans effort
Sous le baiser du soir la Nature s’endort.