Page:Banville - Œuvres, Les Cariatides, 1889.djvu/212

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Elle gardait comme un trésor
Ces extases que l’amour donne. ―
Mon beau page, quel bruit résonne ?
Est-ce lui qui sonne du cor ?

Cette Yolande était duchesse,
Mille vassaux étaient son bien,
Et son bel ami n’avait rien
Que ses cheveux blonds pour richesse.
Pour cet enfant aux cheveux d’or
La dame eût vendu sa couronne. ―
Mon beau page, quel bruit résonne ?
Est-ce lui qui sonne du cor ?

Ces amants qu’un doux rêve assemble,
Ont souvent passé plus d’un jour
À se dire des chants d’amour,
Ou bien à regarder ensemble
Les oiseaux prendre leur essor
Vers l’azur qui tremble et frissonne. ―
Mon beau page, quel bruit résonne ?
Est-ce lui qui sonne du cor ?

Ou bien ils passaient leurs journées
À revoir d’auréoles ceints
Les bonnes Vierges et les Saints
Dans les Bibles enluminées.