Page:Banville - Œuvres, Les Cariatides, 1889.djvu/239

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Viens, nous retrouverons le fils des rois Titans
Assis, la foudre en main, dans les cieux éclatants ;
Celle qui de son front jaillit, Déesse armée,
Comme jaillit l’éclair de la nue enflammée,
Et celui qui se plaît aux combats, dans les cris
D’horreur, et portant l’arc avec sa fierté mâle
Cette amante des bois, la chasseresse pâle
Qui court dans les sentiers par la neige fleuris
Et montre ses bras nus tachés du sang des lices ;
Celui qui dans les noirs marais vils et rampants
Exterminant les nœuds d’hydres et de serpents,
De ses traits lourds d’airain les tue avec délices ;
Puis, celui qui régit les Déesses des flots ;
Celui-là qu’on déchire en ses douleurs divines,
Qui meurt pour nous et, pour apaiser nos sanglots,
Dieu fort, renaît vivant et chaud dans nos poitrines ;
Celle qui, s’élançant quand l’âpre hiver s’enfuit,
Ressuscite du noir enfer et de la nuit,
Et celle-là surtout, vierge délicieuse,
Qui fait grandir, aimer, naître, sourdre, germer,
Fleurir tout ce qui vit, et vient tout embaumer
Et fait frémir d’amour les chênes et l’yeuse,
Et fait partout courir le grand souffle indompté
De l’ardente caresse et de la volupté.
Près de nous brilleront le sceptre que décore
Une fleur, le trident et, plus terrible encore,
La ceinture qui tient les désirs en éveil ;
L’épée au dur tranchant, belle et de sang vermeille,