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PRÉFACE


Ce livre est celui peut-être où j’ai pu mettre le plus de moi-même et de mon âme, et s’il devait rester un livre de moi, je voudrais que ce fût celui-ci ; mais je ne me permets pas de telles ambitions, car nous aurons vécu dans un temps qui s’est médiocrement soucié de l’invincible puissance du Rhythme, et dans lequel ceux qui ont eu la noble passion de vouloir enfermer leurs idées dans une forme parfaite et précise ont été des exilés.

Les Exilés ! Quel sujet de poëmes, si j’avais eu plus de force ! En prononçant ces deux mots d’une tristesse sans bornes, il semble qu’on entende gémir le grand cri de