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LES EXILÉS


Scintilleront, moi j’évoquerai celle
Dont le front pâle étincelle.

Elle reviendra, mais, comme jadis,
Jeune enfant pareille au lys,

Libre en sa Bretagne, errante et sans chaînes,
Attentive aux bruits des chênes ;

Ou comédienne aux riches habits,
Sous les éclairs des rubis

Et des robes d’or, semant sa parole
Pensive, ingénue et folle,

Et d’un pas léger grimpant le coteau
Du vieux parc cher à Wateau !

Et plus tard, tous ceux dont la Muse est reine,
À l’heure où la nuit sereine

Sur le front des fleurs met ses diamants,
Les rêveurs et les amants,

Écoutant avec le souffle des brises
Pleurer mes strophes éprises,

Reverront son pur visage, arrosé,
Neige en fleur, d’un feu rosé.