Page:Banville - Œuvres, Les Exilés, 1890.djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
192
LES EXILÉS


À GEORGES SAND

ode dite par M. Talien pour la reprise de « Claudie » au théâtre Cluny
le 17 septembre 1879



George Sand ! ô beauté, cœur, âme, esprit, génie,
Rien n’a troublé jamais ton effort valeureux,
Et ta pensée, en pleurs comme une Iphigénie,
Combattait pour le pauvre et pour le malheureux.

Car tu les as chéris comme une douce mère.
Femme, tu partageas leur deuil et leur émoi ;
Et, le cœur déchiré par son angoisse amère,
Pitié, labeur, amour, tout était peuple en toi !

Bien d’autres, détournant leurs yeux du sombre gouffre,
Savent goûter la joie en fleur, les longs repas,
Cependant qu’à leurs pieds l’esclave prie et souffre :
Toi, tu ne voulais pas, et tu ne savais pas !